Aspartame structureLes édulcorants basses calories sont utilisés par de nombreux consommateurs pour limiter l’apport énergétique, voire aider au contrôle du poids. D’un autre côté, on entend parfois que ces édulcorants stimuleraient et/ou maintiendraient une préférence pour le sucré, ce qui aurait des effets délétères sur le contrôle du poids. Une nouvelle revue des données scientifiques fait le point.

La saveur sucrée augmente la palatabilité de bien des aliments et boissons. Cet attrait potentiel pour les denrées sucrées a fait émerger la notion selon laquelle la saveur sucrée stimulerait la surconsommation, et donc le surpoids. Cette notion existe lorsque la saveur sucrée provient des sucres (et donc est associée à un apport calorique), mais aussi – et c’est plus surprenant – lorsque le goût sucré provient d’édulcorants basses calories, qui ne fournissent pourtant pratiquement pas d’énergie. On évoque aussi parfois la notion d’addiction au goût sucré, qui serait entretenue par les édulcorants basses calories. C’est pour clarifier ces points qu’une nouvelle revue des données scientifiques a été réalisée par le Prof. France Bellisle (Université Paris 13), et publiée récemment dans « Current Obesity Reports1 ». Elle se base tant sur des études observationnelles que des expériences en laboratoire, des essais randomisés contrôlés et des études d’imagerie cérébrale. Des conclusions claires Les principales conclusions de cette analyse exhaustive sont les suivantes:

  • La plupart des études existantes ne permettent pas d’identifier le moindre lien causal entre l’utilisation des édulcorants basses calories et l’appétit pour la saveur sucrée.
  • Les essais randomisés menés tant chez l’enfant que chez l’adulte suggèrent que l’utilisation des édulcorants basses calories tend à réduire, plutôt qu’à accroître, la consommation d’aliments sucrés et à faciliter, plutôt qu’à porter atteinte à, la perte de poids.

En d’autres termes, il apparaît clairement que l’idée selon laquelle les édulcorants basses calories entraîneraient une habituation au goût sucré n’est pas vérifiée par la science, et qu’au contraire, le recours aux édulcorants intenses – mêmes s’il ne constitue pas un remède miracle pour maigrir – s’avère plus favorable que défavorable à la perte de poids.

A l’heure où les rumeurs alimentaires se propagent à grande vitesse, engendrant cacophonie et confusion, cette mise au point s’avère utile pour que les professionnels de la santé puissent délivrer à leurs patients une information basée sur la science, plutôt que sur des rumeurs.

Source : Bellisle F. Intense Sweeteners, Appetite for Sweet Taste, and Relationship to Weight Management. Curr Obse Rep. Published online: 11 January 2015


Catherine Van Calster

Diététicienne - Téléphone: 0494.35.00.65