Extrait de l’article du Dr Jean-Marc Dupuis dans « santé nature et innovations » du 16/9/18
Remis en forme par Nathalie Debled
Bonjour à tous,
J’ai trouvé l’article du docteur Dupuis tellement clair et évident que j’ai eu envie de vous le partager. En voici des extraits :
(…) « Au début de votre démarche de consultation, l’unique objectif est de pouvoir parler de façon franche et honnête de vos problèmes. Il faut mettre de l’ordre dans votre tête, et dans votre cœur. Pour cela il faut parler en vérité de ce qui vous arrive, de ce qui vous fait souffrir.
(…) En parlant de vos problèmes à une personne qui vous écoute avec bienveillance et humilité, vous parvenez mieux à faire le tri entre le réel et l’imaginaire. Savoir si vos peurs ou votre colère sont justifiées ou non, si vos désirs sont réalistes ou pas… En théorie, vous pourriez faire ce travail d’investigation seul dans votre chambre, en réfléchissant. C’est un travail de détective. On réunit des pièces, pour tirer des conclusions objectives. Mais l’expérience montre que nous ne sommes pas très bons pour cela. Quand nous sommes seuls, nous nous perdons dans nos pensées. Nous avons besoin d’un interlocuteur pour nous canaliser. Il nous empêche de nous distraire, et de tourner en rond trop longtemps. Par son écoute, il nous aide à clarifier nos pensées.
Lorsque nous disons des choses qui paraissent sensées, cohérentes, la personne manifeste son approbation. Elle le fait par des petits mots, des postures, qui nous encouragent à continuer dans cette voie. Lorsque nos propos dérivent, deviennent contradictoires, l’autre fronce les sourcils. Il perd le fil de ce que vous expliquez. Cela vous incite à revenir en arrière, clarifier, éventuellement nuancer ou corriger ce que vous avez dit.
Et ainsi vous progressez ensemble vers la vérité.
La personne qui nous écoute joue un rôle essentiel pour valider nos propos. Car l’être humain a la tête remplie de faux raisonnements, des fausses justifications sur son histoire et sa personnalité. Nous n’accédons à une bonne connaissance de nous-même qu’après avoir intensément réfléchi et travaillé sur qui nous sommes vraiment. Et la meilleure façon de le faire est d’en parler avec une personne qui se met à notre disposition pour cela.
(…) Vous pourriez aussi en théorie faire ce travail avec un ami ou un proche qui vous aime et veut vous aider. Mais c’est plus difficile car « on ne peut pas être juge et partie ». La personne qui a une histoire, des conflits, des sentiments pour vous, est moins objective. Vous ne pouvez pas lui parler aussi librement, donc de façon aussi transparente, car elle risque d’être parfois concernée par ce que vous dites, de se vexer, d’être blessée. Le professionnel, lui, a l’avantage d’être extérieur à vos problèmes, ce qui ne l’empêche pas d’éprouver de l’empathie.
Comme un juge bienveillant, il nous écoute, pose des questions pour nous aider à avancer. Il valide, ou non, nos jugements sur notre propre situation. Il nous permet ainsi d’accéder à une vision plus juste de nous-même.
La vérité soigne
Ce dialogue permet de progresser vers la vérité, et c’est cela qui soigne.
Voici comment :
Peu à peu, les idées chaotiques, angoissantes, contradictoires, qui tournaient dans votre tête, se mettent en ordre.
Progressivement, l’image que nous faisons de notre vie et de nous-même devient plus précise, plus juste, plus vraie.
Au bout du compte, le travail avec le psychologue ne consiste qu’en une seule chose : trouver la vérité sur votre vie, se connaître soi-même de façon authentique. (…)
Pourquoi le fait de se connaître soi-même est si important
C’est parce que connaître la vérité sur votre vie libère votre esprit des mille questions et angoisses, qui l’occupaient, le parasitaient, l’obnubilaient. Votre capacité de réflexion, votre intelligence, ne sont plus neutralisées par des pensées envahissantes et stériles, ces éternels points d’interrogation qui vous tiraient en arrière, ces rancœurs et regrets qui vous perturbaient la journée et vous réveillaient la nuit.
Même si votre vie a été particulièrement tragique, douloureuse, marquée par des fautes graves et des injustices de tous ordres, le fait d’avoir une vision claire et juste de ce qui vous est arrivé fait que vous n’avez plus besoin de penser constamment à votre passé. Vous savez à quoi vous en tenir, au moins sur les points essentiels. Vous éprouvez alors une libération qui est extrêmement concrète. (…)
Les malheurs ne s’arrêtent jamais totalement
Bien entendu, les malheurs ne s’arrêtent pas d’un coup. Ils ne s’arrêtent jamais complètement ! La vie a toujours une composante plus ou moins importante de souffrance. Mais au moins êtes-vous soulagé d’une partie du fardeau que vous portiez. Vous avez moins de souffrances inutiles. Votre vie devient plus supportable et peut même atteindre le point où vous trouvez que les souffrances que vous endurez valent largement la peine d’être supportées, vu le bonheur que vous connaissez par ailleurs.
Tout cela peut se produire simplement parce qu’une personne se sera rendue disponible pour vous écouter, parler avec vous de vos problèmes, faire le tri, et vous aider à avoir une vision plus juste de votre vie.
Bien écouter
L’important est de trouver une personne qui soit réellement disposée à vous écouter, tout simplement.
Une personne qui ne vous interrompt pas toutes les cinq minutes pour changer de sujet, ou ramener la conversation à elle, ou parler de choses qui n’ont rien à voir, ou taper sur son smartphone… Une personne qui ne s’endort pas alors que vous parliez de choses importantes (ça s’est déjà vu !). Une personne qui ne se moque pas de vous quand vous vous mettez à pleurer. Une personne attentive, qui se souvient de ce que vous avez dit, pour vous signaler les contradictions quand elles arrivent, et vous confirmer les moments où vous dites des choses importantes et vraies.
Et pour tout cela, faites-vous confiance. Vous vous apercevrez instinctivement si la personne en face de vous écoute bien ou non.
C’est simple : si elle sait bien écouter, vous aurez envie de lui parler, et de lui révéler vos secrets y compris s’ils sont honteux ou pénibles.
Jean-Marc Dupuis dans « santé nature et innovations » (SNI éditions)