QUELLES DIFFÉRENCES FAITES-VOUS ENTRE VOS BESOINS, VOS DÉSIRS, ET VOS ENVIES ?

Nous vivons dans une société de consommation et de recherche de satisfaction immédiate, de plaisir instantané. La publicité nous pousse bien souvent à placer au rang du besoin, nos désirs et nos envies. Tout cela se fait de manière parfois très sournoise, implicite, inconsciemment, au point que nous ne savons plus dans certaines situations différencier nos besoins véritables de nos désirs ou de nos envies.

L’objectif de cet article est de différencier nos besoins de nos désirs et de nos envies et nous aider à décider davantage en conscience de nos priorités.

Comment définir les besoins, les désirs et les envies ?

Le dictionnaire Larousse le définit comme une « exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique : besoin de manger, de dormir. »

Le besoin renvoie à une nécessité, une exigence ; c’est une force vitale qui est à l’origine de ce qui nous pousse à agir ; il nous faut trouver une solution pour préserver l’équilibre à la fois physiologique, physique, psychologique. Si notre corps est déshydraté, il crée un besoin physiologique, la soif, qui va nous motiver à trouver de l’eau et à boire.

Écouter nos besoins, c’est être à l’écoute de ce qui nous maintient en vie.

Quand on parle de Besoins, on pense souvent à la pyramide de Maslow :

Une personne ne reste pas en vie si elle ne satisfait pas d’abord ses besoins physiologiques de base.

Viennent ensuite, les besoins de sécurité, d’appartenance, d’estime de soi et d’accomplissement personnel et professionnel.

On parle ici de « besoins » car ils sont essentiels à la survie et à l’actualisation de soi en société. Ils sont aussi Identiques d’une culture à l’autre et d’une société à l’autre, même si les moyens de la satisfaire sont différents.

Quand un besoin est satisfait, il disparaît momentanément.

Le dictionnaire Larousse définit l’envie comme

  • « Un désir d’avoir ou de faire quelque chose, le désir que quelque chose arrive ; par exemple, avoir envie de vacances ».
  • « Un besoin organique soudain de quelque chose ; par exemple, être pris d’une envie soudaine de vomir ».
  • « Un sentiment de désir mêlé d’irritation, de haine qu’éprouve qqn contre ceux qui possèdent ce qu’il n’a pas. Par exemple, éprouver de l’envie pour, à l’égard d’un rival heureux. ». Il propose comme synonyme la jalousie.

Tantôt un besoin, tantôt un désir, tantôt un sentiment…. Voilà qui n’aide pas à sortir de la confusion !

Pour M. Klein, l’envie est animée par la pulsion de destruction contrairement au besoin animé, lui, par la pulsion de vie.

Dans l’envie, c’est l’agacement, l’irritation, la colère ou la rage qui anime, envahit et fait vouloir posséder ou faire quelque chose qui risque de détruire.

Quelqu’un qui est pris dans ses envies peut en venir à vouloir détruire ce qu’il ne peut pas posséder.

L’envie, une fois rassasiée, en génère tout le temps une autre ; l’envie est impossible à satisfaire sur la durée. Elle a un côté infini, si l’on n’y prend pas garde.

Le dictionnaire Larousse définit le désir comme

  • « l’action de désirer, d’aspirer à avoir, à obtenir, à faire quelque chose ; envie, souhait, vœu ; par exemple, avoir le désir de voyager. »
  • « la sensation d’attraction et d’attente à l’égard d’une personne, d’un objet, d’une situation ou d’un futur particulier. Le désir et son contentement engendrent une tension chez l’individu qui le ressent et qui cherche à résoudre celle-ci pour combler le manque induit. »

Le désir, quand il est satisfait, disparaît… et apparaît l’ennui.

Le désir nous fait nous sentir vivant !

D’après E. Berne, nous passons notre vie à satisfaire 3 besoins psychologiques (en plus des besoins physiologiques) qu’il a appelés les 3 soifs :

1/ La soif de stimulation de nos 5 sens et de notre intellect : Le besoin de stimuli ou de sensations : recherchés avidement ! on ne sait pas s’en passer.

Pour appuyer sa théorie, E. Berne s’est inspiré des études effectuées par les théoriciens de l’attachement : Spitz, Bowlbi, Harlow,…

Dès sa naissance, le bébé entre en contact avec le monde par ses 5 sens. Il est touché, nourri, manipulé, il sent les parfums, il entend des sons, il voit les lumières et les ombres, il goûte le lait…. Toutes ces stimulations vont l’accompagner dans son évolution et son développement tout au long de sa vie.

Pour E. Berne, la soif de stimuli conduit l’individu à l’activité sociale, dans le but d’éviter la privation sociale. S’il y a privation sociale, il y a perte de sens et risque de souffrance, ou de maladie !

2/ La soif de reconnaissance, le besoin d’être reconnu : il s’agit de la recherche d’une catégorie spéciale de sensations qui ne peuvent être fournies que par un autre être humain ou un animal.

Ce besoin de reconnaissance correspond pour E. Berne au besoin de la personne d’être acceptée par les autres « en tant que lui-même » à la fois humain singulier, spécifique et en même temps, semblable aux autres humains.

Sur le continuum individuation – sentiment d’appartenance, une personne se doit, pour être bien, de trouver le juste milieu.

Individuation <————————————> Sentiment d’appartenance

Quand une personne est acceptée et reconnue, cela lui permet d’élaborer son image d’elle-même, une représentation d’elle et des autres dans son psychisme.

C’est un besoin vital et la personne met tout en œuvre pour obtenir de la reconnaissance.

Tout moyen est utilisable : aussi bien les coups que les signes de reconnaissance positifs, car le besoin de reconnaissance est si profond que la personne vit l’indifférence comme insoutenable.

Sans signes de reconnaissance, la personne risque de partir vers des moyens de se sentir exister inadéquats, tels que l’alcoolisme, la folie, la violence, la somatisation, les équivalents suicidaires (rouler vite, manger trop, se droguer, …) ou même la mort.

3/ La soif de structure : il s’agit de deux choses :

  • Le besoin de structurer le temps pour lutter contre le vide, contre l’angoisse que provoque le vide, et
  • L’adoption de règles de protection et de permission, pour rendre les choses prévisibles.

Plusieurs études ont montré que le besoin de stimulus structuré importe même davantage que le besoin de nourriture.

Dans une situation où l’on se sent mal, il est souvent intéressant de se demander si l’une de ces 3 soifs, l’un de ces 3 besoins essentiels à la survie et au bien-être d’une personne n’est pas suffisamment satisfait.

Si nous voulons être autonomes dans la satisfaction de nos besoins, il nous faut les différencier de nos envies et de nos désirs.

Plus nous sortons de la confusion, moins nous risquons d’être influencés, ou manipulés, redéfinis dans nos véritables besoins, envies ou désirs.

Accéder à cette autonomie, au service de notre véritable identité propre, c’est augmenter notre conscience claire de ce qui se passe « ici et maintenant », dans notre corps, nos émotions, nos pensées et nos actions. C’est contacter une certaine forme d’intimité avec nous-mêmes et dans la relation aux autres et c’est redécouvrir la spontanéité, au sens littéral du terme, « sua sponte », sa propre volonté. C’est retrouver un peu plus de liberté.

1 E. Berne, « Que dites-vous après avoir dit bonjour ? », édition Tchou, collection Corps à vivre, Mars 2013.


Sophie Debauche

Psychologue Clinicienne, Psychothérapeute, Formatrice et Superviseur - Responsable du Centre Thérapeutique de Luttre - Téléphone: 0476.50.19.66